Le forcené de l’Elysée

Modérateur: yann

Le forcené de l’Elysée

Messagepar yann sur Sam 1 Avr 2023 09:17

Le Peuple Breton – Avril 2023 Leurre de vérité





Le forcené de l’Elysée





Le printemps promettait d’êpre chaud. Il est carrément torride. Disons-le tout net : la responsabilité de la surchauffe sociale incombe exclusivement désormais à Jupiter. Son acharnement à poursuivre coûte que coûte le processus d’adoption de la réforme des retraites, processus qu’il persiste à considérer comme « pleinement démocratique », est sans équivoque caractéristique de l’attitude d’un homme irresponsable, d’un homme incapable de saisir ne serait-ce que d’une once les pulsations profondes du corps social dont il a, au nom d’institutions tournant largement dans le vide maintenant, la charge en principe pour quatre années encore.

Nous avions perçu cette incapacité avant même le début du premier quinquennat du souverain se voulant contre vents et marées omnipotent et omniscient. Il a réussi assez longtemps à faire illusion grâce à une cour béatement agenouillée aux pieds de ce génial transformateur de « la société restée trop longtemps sclérosée » comme le pensent si souvent ces bien-pensants sortis justement pour la plupart de la cuisse de Jupiter. Pourtant, un cap a été franchi en ce mois de mars avec le magistral coup de force voulu par ce seul homme. L’incapacité du monarque absolu à saisir la réalité du pays confine aujourd’hui au paroxysme. Sa cour jusqu’ici servile commence elle-même à se fracturer. Elle bruisse, pour le moment dans les coulisses. Elle ne tardera plus à se répandre au grand jour en déclarations plus ou moins incendiaires contre le forcené de l’Elysée claquemuré dans ses ravageuses certitudes.



L’acharnement jupitérien est pathologique. A preuve le contenu ahurissant de son intervention sur deux chaînes de télévision en milieu de journée la veille d’une nouvelle grande mobilisation, la première après le rejet – à neuf voix près – de la motion de censure consécutive à l’adoption au Palais Bourbon de la réforme honnie par le mauvais peuple, adoption obtenue par l’isage du 49-3. « Cela ne me fait pas plaisir de faire cette réforme. Je préfèrerais ne pas avoir à la faire. » Cette façon totalement assumée de nous parler à la première personne du singulier peut à elle seule révéler l’ampleur du gouffre abyssal qui sépare le souverain de son peuple. Il sait ce qui est bon pour le peuple qu’il ne voit d’ailleurs plus que comme une foule, qui se fait mal pour lui alors qu’il est cependant si ingrat. Oui, tous ces gens qui vocifèrent sont très ingrats à ne pas vouloir se contenter d’obtempérer et de rentrer sagement dans leurs foyers pour qu’enfin l’on puisse réformer sérieusement le travail. Au passage le monarque semble croire que nous avons déjà oublié qu’il a été avant son règne calamiteux le principal instigateur de la « loi travail » de 2016. Je détruis et ensuite je colle ici ou là quelques rustines. Hélas, cela ne prend plus ! Et, c’est définitif. Mais, ce jour-là à la télé il ne s’est pas contenté de nous surplomber du haut de sa superbe arrogance. Il nous a également copieusement insultés. Il n’a pas craint d’esquisser une comparaison irraisonnée entre le mouvement social actuel en France et les hordes complotistes pro-Trump qui un jour envahirent le Capitole à Washington ou les troupes d’extrême-droite, largement composées d’évangélistes, qui étaient prêtes à renverser le Président Lula nouvellement élu à la tête du Brésil. Si Jupiter a encore toute sa raison, il manque singulièrement de sérénité !



La grogne – le mot est faible – ne va pas cesser. Elle revêt tantôt des formes traditionnelles tantôt des visages pleins d’inventivité. Elle s’est répandue en des lieux où jamais on ne la rencontre d’ordinaire, dans de modestes localités d’habitude toujours paisibles, au fin fond des campagnes, dans de modestes bourgades très éloignées du Centre étroit où tout se décide depuis trop longtemps, loin donc du « dé à coudre parisien » pour reprendre la pertinente expression de Frédéric Lordon. Et la jeunesse qui enfin s’en mêle… A sa façon, même dans les beaux quartiers ! La Bretagne est particulièrement remontée. Cela a toujours effrayé Paris. La police du monarque le renseigne scrupuleusement sur tout cela. Dans son entêtement suicidaire il n’entrevoit probablement plus qu’une seule porte de sortie possible après que le déversement de la « pédagogie » maladroite abondamment relayée par les médias dominants a échoué ;: la répression massive et aveugle du mouvement social légitime. Comme le dit l’avocat Arié Alimi, membre du bureau national de la Ligue des droits de l’homme : « Il y a une recherche du drame de la part de l'exécutif pour sortir de la crise ». Et cela y compris sur d’autres fronts que celui des retraites. Le front de l’écologie s’agite grandement désormais. A juste titre là aussi. On craint la dangereuse jonction qui doucement s’installe.



Après le drame qu’il veut salvateur, Jupiter espère sûrement qu’il pourra construire quelque chose. On ne voit pas bien quoi, ni avec qui, tellement le paysage politique est aujourd’hui disloqué. La confiance, partout, n’est plus que de façade envers celui qui a dilapidé tout son crédit mais ne veut surtout pas en convenir. Il va bricoler, tenter des arrangements « type Quatrième République » qui évidemment ne tiendront pas et se succéderont au rythme accéléré du désintérêt des citoyens pour la chose politique. Le souverain escompte certainement se refaire une santé grâce aux JO l’an prochain. Il a du reste déjà donné le ton en pleine tourmente contre la réforme des retraites. A 500 jours de l’ouverture des Jeux de Paris une cérémonie officielle s’est tenue devant tout le gratin d’organisation du grandiose barnum. Devant cet autre microcosme hors-sol Jupiter s’est fait joliment mousser. Métamorphosé en César, il tint en cette circonstance surannée un discours particulièrement enjoué contrastant avec la gravité des moments difficiles que vivent nos congénères. Il sait que la formule a souvent fonctionné. Que demande le peuple ? Du pain et des jeux ! César, lyrique, se laissa aller. Il promit ainsi que l’an prochain l’on pourra se baigner de nouveau dans la Seine et dans la Marne. Une promesse de plus impossible à tenir, un caprice de roi surréaliste. Surréaliste, le caprice et le roi tout à la fois. Cette mayonnaise ne prendra pas. L’an prochain, le peuple aura encore la tête ailleurs. Et, il commencera sérieusement à s’inquiéter pour l’avenir de son pays. Là, il ne s’agit pas d’une affaire de médailles. Une petite musique se fait déjà entendre du côté du fascisme rampant : « maintenant que Macron a éteint la lumière, le RN devient la lueur d’espoir. » Dans les stades, on peut vibrer. On peut aussi y frémir.





Yann Fiévet
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