Glyphosate, l’arbre qui cache la forêt

Modérateur: yann

Glyphosate, l’arbre qui cache la forêt

Messagepar yann sur Dim 26 Nov 2023 13:35

Le Peuple Breton – Décembre 2023 Leurre de vérité





Glyphosate, l’arbre qui cache la forêt





Le Glyphosate est incontestablement devenu le serpent de mer de l’agriculture chimiquement impure. L’herbicide majuscule est réputé fort dangereux pour la santé humaine et la biodiversité qui nous entoure mais demeure paraît-il indispensable pour assurer le bon maintien de l’agriculture européenne d’aujourd’hui et sûrement la faire prospérer davantage demain. Nous allons alors en reprendre pour dix ans. Dix ans au moins car comme nous le savons les délais sont d’abord faits pour être prolongés sans limite absolue. Les promesses jupitériennes d’hier en la matière n’avaient évidemment aucune valeur. Nous l’avions dit mais cela ne va pas nous interdire de dénoncer encore une fois la monstrueuse duperie. Cependant, il convient de considérer que derrière l’encombrant Glyphosate se cachent bien d’autres substances probablement tout aussi dangereuses.



C’est peu de dire que le Glyphosate cumule à lui tout seul un nombre alarmant de dangers. Il est « cancérigène probable » (OMS, 2015), « possiblement perturbateur endocrinien, génotoxique, générant un stress oxydant et une altération du microbiote » (INSERM, 2021). Pourtant, le 16 novembre 2023, les États membres de l’Union Européenne ne sont pas parvenus à exprimer un vote à la majorité qualifiée pour l’interdire. Faute d'accord entre les États membres, la Commission est la dernière décisionnaire. Elle va ainsi procéder au « renouvellement de l'approbation du Glyphosate pour une période de dix ans, sous réserve de certaines nouvelles conditions et restrictions » exprimées avant le 15 décembre 2023. Cette décision ira incontestablement à l'encontre du principe de précaution consacré par l'article 191 du traité sur le fonctionnement de l'UE. Alors que les preuves de la dangerosité du Glyphosate pour l'Homme et l'environnement s'accumulent, le dossier officiel d'évaluation de cet herbicide présente de très nombreux biais : non prise en compte de plusieurs de ses effets sur la biodiversité, non prise en compte de divers effets sanitaires avérés, etc. les différences d'analyses de l’impact du Glyphosate entre la recherche médicale française (Inserm) et les avis des agences européennes évaluatrices (l'Echa et l'Efsa) sont majeures ! Elles concernent de nombreux aspects comme la génotoxicité et le stress oxydant, les effets sur le microbiote, la toxicité mitochondriale, les effets sur la reproduction et de perturbation endocrinienne ou encore les effets neurotoxiques. Les agences ignorent ainsi superbement de nombreux effets néfastes mis en évidence par des études solides consacrées par l'Inserm. La santé des populations est donc sciemment sacrifiée sur l’autel de la loi du Marché.



Lors du vote décisif la France s’est abstenue ! Elle est le premier pays agricole de l’Europe et se doit à ce titre suprême de défendre les intérêts de ses producteurs. Elle les soutient scrupuleusement depuis toujours. Ses dirigeants actuels n’entendent pas faire exception à la règle intangible. Au prix, au passage sans doute obligé, de quelques conflits d’intérêts ! Ainsi, le ministre de l'Agriculture (et de la souveraineté alimentaire), Marc Fesneau, a choisi en mai dernier sa nouvelle conseillère communication, issue de la principale organisation des industriels de l'agroalimentaire (Ania), validée avec de modestes réserves par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Celle-ci a en effet donné son feu vert" à la nomination de Sophie Ionascu, ancienne directrice de la communication de l'Ania, avec une limite, « ne pas rentrer en contact avec son précédent employeur ». Voilà une rhétorique convenue qui est un sacré rempart ! Le ministre a bien sûr déclaré : "Elle est conseillère en communication, elle ne va pas être en charge du dossier industrie agroalimentaire". Seuls les gogos éternels peuvent évidemment croire à cette précaution de pure convenance. Le printemps dernier fut de fait riche en grandes manoeuvres sur le front de l’agriculture dominante. En mars, Arnaud Rousseau succédait à Christiane Lambert à la tête de la FNSEA. Il était l’unique candidat pour (re)prendre en mains le premier syndicat du secteur. Il cumule des mandats dans de nombreuses sociétés, incarne ainsi le retour de l’agrobusiness aux manettes. Au programme : agenda pro-OGM, mégabassines, et statu quo sur les pesticides. C’est dire si l’agriculture française est maintenant puissamment armée pour… résister au changement !



Revenons à la chimie. Derrière le Glyphosate qui sert malencontreusement de paravent se cache une pléthore de substances peu sympathiques. Ainsi, par exemple, l’agriculture française - et plus largement celle de l'Union européenne (UE) - utilisent massivement et intentionnellement une catégorie très préoccupante de substances pesticides : les pesticides-PFAS.). Les perfluorés dits "PFAS" sont des substances chimiques très utilisées dans l’industrie depuis longtemps. Ils sont très résistants et persistants, ce qui leur vaut la qualification de « polluants éternels ». De nombreuses études scientifiques démontrent qu'une exposition chronique, à faible dose, à ces PFAS a été associée à des effets néfastes sur les systèmes cardiovasculaire, reproductif, hormonal et immunitaire. Ces substances sont donc particulièrement dangereuses pour la santé humaine. Il sont désormais épandus par pulvérisation en agriculture, donc dans notre environnement et sur les denrées alimentaires cultivés de manière intensive. Les chiffres sur l'ampleur du recours aux pesticides-PFAS dans l'UE sont devenus alarmants. Ils sont utilisés comme substances actives leur conférant une plus grande stabilité et ainsi plus d’efficacité. Les principaux producteurs répertoriés sont Bayer, BASF et Syngenta. De puissants lobbyistes qui ont, comme on le sait, l’oreille (attentive) des « décideurs » politiques.



Une autre agriculture existe qui doucement fait son chemin. Elle ne trouvera cependant toute la place qui doit légitimement lui revenir tant que rien de décisif ne sera entrepris pour faire sérieusement reculer l’agriculture dominante prédatrice. Les encouragements et les moyens octroyés à la recherche d’alternatives aux pesticides sont très mesurés. Certaines alternatives existent déjà et sont prometteuses mais la Communication de la FNSEA les nie avec une efficacité certaine auprès du grand public. On ne s’empresse pas de la contredire en haut-lieu. Pire, elle réussit à faire accroire que le modèle agricole qu’elle défend serait victime de campagnes de dénigrement injustifiées. Pourtant, les lanceurs d’alerte qui osent dénoncer la nocivité dudit modèle ont bien du courage, à l’instar de la journaliste Morgane Large. Dans le Centre-Bretagne, au cœur du « modèle agricole breton », elle enquête - et dénonce - depuis des années sur ce système mortifère où la collusion entre producteurs, élus locaux et autorités publiques est avérée. Elle semble désormais déterminée à interrompre son action de salubrité publique craignant pour sa vie et celle de ses enfants après plusieurs agressions que la gendarmerie ne s’empresse pas de vouloir élucider. Là, ce n’est plus seulement la santé des populations ou la biodiversité qui sont menacées. C’est tout bonnement la démocratie qui est en péril.





Yann Fiévet
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